LOVE LIFE : Entre liberté cantonale, autorité fédérale et communication

You are currently viewing LOVE LIFE : Entre liberté cantonale, autorité fédérale et communication
Illustration réalisée par Valérie Fivaz avec Canva

En Suisse, les communicants d’intérêt général doivent jongler avec une tension classique du fédéralisme suisse : comment faire passer un message uniforme dans des cantons aux réalités différentes ? Pour explorer cette problématique, cet article s’appuie sur l’exemple de la campagne LOVE LIFE (2024).

LOVE LIFE : Éradiquer les IST en Suisse

L’objectif de LOVE LIFE, intégrée dans le programme national « Stop au VIH, aux virus des hépatites B et C et aux infections sexuellement transmissibles » (NAPS) est d’éradiquer les IST d’ici 2030, en ciblant les jeunes.

Les informations de prévention sont centralisées sur un site web avec une liste des centres de dépistage et l’outil « safer sex check », permettant d’évaluer la santé sexuelle d’une personne. Différents supports numériques et imprimés complètent la campagne.

Mais les acteurs cantonaux sont-ils autorisés à adapter la communication mise en place par l’OFSP à leurs besoins dans un gouvernement décentralisé ?

Liberté cantonale vs. Autorité fédérale

Caroline Jacot-Descombes, responsable de LOVE LIFE au sein de SANTE SEXUELLE SUISSE (SSCH), soutient que : 

En principe, les cantons sont donc autorisés à faire des changements selon leurs besoins en communication, mais comment les cantons voient-ils la situation ?

Unité nationale et besoins locaux 

En effet, les cantons et autres acteurs locaux se sentent rarement pris en compte et estiment qu’une meilleure collaboration entre cantons et Confédération est nécessaire pour que le message atteigne son public, en particulier en 2025, où les jeunes consomment majoritairement des contenus ultra-personnalisés.

Selon Carole Bielmann Brodard, cheffe de secteur au Centre fribourgeois de santé sexuelle (CFSS),

Ce sentiment est partagé par Johanne Guex, du centre Sexualité Information Prévention Éducation (SIPE), pour qui une nouvelle méthodologie « bottom up » serait plus adaptée aux différences cantonales. D’après elle, tenir compte des spécificités locales est crucial, pour répondre à la recrudescence d’une IST dans une région ou pour s’ajuster aux différences de réception entre campagnes et villes.

Un manque de ressources et de liberté

Les centres de santé sexuelle diffusent les outils nationaux mais n’ont pas toujours la liberté ou la possibilité de les ajuster. Johanne Guex voit les supports comme les dépliants ou le “safer sex check” comme trop génériques et donc peu adaptés aux spécificités du public local, en particulier pour les jeunes qui sont pourtant le public cible. C’est d’ailleurs pour toutes ces raisons que Johanne Guex déclare que cet outil n’est plus utilisé dans son centre SIPE.

Les acteurs locaux estiment que l’ajustement régional des contenus est la clé du succès d’une campagne de communication, car les contenus personnalisés sont plus engageants. Selon eux, la marge de manoeuvre des cantons doit inclure la possibilité d’adapter les supports créés au niveau fédéral pour les spécificités locales.

Quels compromis ?

LOVE LIFE illustre les tensions du fédéralisme, où la Confédération crée une campagne nationale avec un message uniforme tout en dépendant des localités pour son succès. En 2025, le besoin d’une coordination plus renforcée entre cantons et Confédération dans l’élaboration de la communication se fait sentir de plus en plus.

Vers une meilleure collaboration 

En novembre 2025 aura lieu un exercice intégré (EI 25), qui

Une approche plus collaborative avait été mise en place pendant la crise du Covid-19, où les échanges entre cantons, Confédération et professionnels de santé locaux avaient été renforcés et une plus grande marge de manoeuvre avait été laissée aux cantons. En effet, 

L’impact d’une gouvernance partagée sur l’efficacité des campagnes

Les cantons avaient été autorisés à analyser la situation locale et à faire des changements en conséquence, sans que la Confédération utilise une approche trop centralisée.

Une plus grande liberté des cantons combinée à une meilleure collaboration entre eux a donné naissance à des campagnes comme « Merci, vous qui restez chez vous », avec plus d’un million de vues.

Ces éléments laissent penser qu’une approche plus collaborative entre Confédération et cantons, notamment avec la liberté d’adapter les directives du gouvernement au niveau local, pourrait renforcer l’efficacité des campagnes de communication de santé publique.

 

A lire aussi…