Aujourd’hui, la communication joue un rôle essentiel dans la sensibilisation du grand public aux enjeux environnementaux. La transition énergétique, devenue un sujet politique, se trouve au centre des débats actuels. La façon dont le sujet est abordé importe beaucoup sur son efficacité et les effets qui suivront. Discussion autour de ce challenge et présentation de la campagne TotalMent.
Virginie Chaput, doctorante en sciences de l’information et de la communication à l’Université Jean Moulin Lyon et intervenante lors du congrès de la SSCM, attire notre attention sur le challenge que représente la transition énergétique. Comment informer efficacement à ce sujet en restant cohérent avec les valeurs qui en découlent ? Et de quelle manière utiliser les réseaux sociaux comme outils pour une communication citoyenne ?
La transition énergétique
Dans un premier temps, il est nécessaire de définir ce que représente la transition énergétique. Selon Youmatter, un média sur la transition environnementale et sociale, la transition énergétique « désigne l’ensemble des transformations du système de production, de distribution et de consommation d’énergie effectuées sur un territoire dans le but de le rendre plus écologique ». Elle concerne essentiellement le passage à un système plus respectueux de l’environnement, qui utilise davantage les énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien, plutôt que les énergies fossiles comme le pétrole ou le charbon.
Mais qu’en est-il de la communication des villes concernant cette transition énergétique ? De quelle manière peut-elle se mettre en place pour optimiser son impact ?
C’est un réel défi, selon Virginie Chaput. La doctorante insiste sur l’importance de l’implication des citoyen-ne-s dans ce genre de projets. Considérer la population comme passive n’est pas productif et il est nécessaire, selon elle, d’aller au-delà de l’image valorisante qui est souvent partagée lors des discours. Utiliser l’expression « la force de la multitude » lors de prises de parole, par exemple, pour intégrer la population dans le projet, n’amène rien de concret et laisse prétendre que leurs voix ont été considérées, ce qui, selon Virginie Chaput, n’est pas toujours vrai. Plus qu’une existence sémiotique ou une symbolisation derrière un hashtag, c’est une réelle participation citoyenne qui est nécessaire lors d’une transition énergétique.
Réseaux sociaux et bulles de filtres
De plus, la chercheuse se questionne quant aux réseaux sociaux et l’opportunité de diffusion de grande ampleur qu’ils induisent. Selon elle, ils doivent être explorés et peuvent servir de levier pour communiquer sur la transition énergétique. Cependant, il faut considérer les enjeux éthiques et commerciaux qui découlent de plateformes comme Instagram. Utiliser les réseaux sociaux pour la transmission de messages à visée écologique peut aussi créer de la réticence. Pour que le message soit efficace, il doit être cohérent avec ses valeurs. Toutefois, l’experte mentionne la problématique des bulles de filtres, un concept mis en forme par Eli Pariser en 2011, qui enferment et isolent les individus dans un algorithme similaire à leurs idéologies et rendent, ainsi, le débat impossible. Une campagne sur les réseaux sociaux, visant à informer sur la transition énergétique d’une ville, risque alors de ne toucher que les personnes déjà sensibilisées et impliquées par cette thématique.
Mais alors comment parvenir à concilier valorisation de la participation citoyenne et efficacité de la campagne sur les réseaux sociaux, tout en s’adressant à tous les habitant-e-s ?
A ce stade, nous n’avons pas d’exemples de villes qui ont mené une campagne précise dans le cadre de la transition énergétique. En revanche, Virginie Chaput cite la campagne TotalMent, une initiative portée par Notre Affaire A Tous et 350.org, qui œuvre pour la transition énergétique et qui a su surmonter les défis évoqués dans cet article. Cet exemple inspirant est parvenu à mobiliser les citoyen-ne-s pour une même cause et a su exploiter le potentiel des réseaux sociaux pour rassembler et informer sur son combat. L’entreprise TotalEnergies, dont les activités dépendent largement de l’exploitation des énergies fossiles, s’avère aller à l’encontre des objectifs de transition. Cet exemple s’inscrit alors comme un cas pertinent dont nous pouvons prendre connaissance.
Conclusion
Pour conclure, la transition énergétique pose un défi majeur pour la communication, nécessitant une approche innovante et inclusive. L’exemple de la campagne TotalMent et leur utilisation des réseaux sociaux nous a permis d’observer le potentiel de ces plateformes à aboutir à des résultats tangibles dans la sensibilisation et l’action. Toutefois, des pistes sont à développer. Notamment, comment aller au-delà des algorithmes et parvenir à rassembler un maximum de monde autour d’une cause essentielle ? Enfin, dans l’optique d’une communication d’intérêt général, il est intéressant de se questionner sur l’éthique des plateformes que nous utilisons, à savoir si leurs valeurs n’entrent pas en contradiction avec le message que nous souhaitons transmettre.
Cette 24ème conférence annuelle de la SSCM/SGKM est couverte médiatiquement par les étudiant-e-s en Master de Création de contenus et communication d’intérêt général (MA3CIG) de l’AJM. Cet article a été réalisé dans le cadre du cours Création de contenus web et réseaux sociaux et fait partie d’une série éditoriale répartie en trois rubriques présentes sur la page du site Pointcomm dédiée à l’évènement.