Dans l’univers de la communication, l’émotion se révèle être une force influente et polyvalente. Elle permet non seulement de démontrer l’implication sincère du communicant, mais aussi de susciter l’engagement du public. Selon les contextes et son utilisation, l’émotion peut catalyser l’attention, forger des liens puissants et mobiliser auprès d’une cause. Elle renforce donc la connexion entre le message et son audience.[1]
Les enjeux d’une communication à forte intensité émotionnelle :
Cependant, il est crucial de reconnaître les limites de l’implication émotive dans la communication. En effet, si l’émotion submerge les propos des communicant-e-s, elle risque de fermer sa perception aux autres opinions, ou de confiner son message dans une structure de jugement et de culpabilisation. Un message mal adapté à son public, par son contenu ou sa forme, peut s’avérer contreproductif envers la cause défendue. L’émotion dans le discours comporte donc la difficulté de s’assurer que le message ne soit pas perçu comme de la manipulation affective par le public. Elle risque aussi de provoquer chez ce dernier une saturation émotionnelle. Cela pourrait compromettre la capacité de l’audience à réagir de manière empathique au message des communicant.e.s.
Quels outils pour un équilibre « émotion-raison » ?
Il existe des visions qui n’opposent par l’émotion à la rationalité, mais qui « tisse des liens étroits avec elle : loin d’interférer, elle pourrait aider à prendre rationnellement une décision dans les situations d’incertitude par exemple. L’émotion peut également être qualifiée de rationnelle »[2]. Il faudrait garder en mémoire que les faits et la logique sont des fondements essentiels pour la pertinence du message. Une stratégie de communicationnelle efficace serait d’opter pour la canalisation de son émotion pour créer un message simple et fort en authenticité, au lieu d’une mise en scène excessive. Un bon exemple serait l’évolution de la communication de la Sécurité Routière en France, dont les campagnes étaient plus dramatiques il y a une trentaine d’années. Leur impact implique désormais un panel plus large d’émotions évoquées, et ça marche !
Dans un contexte où l’émotion est prédominante et engage la CIG, il est donc d’autant plus important de s’appuyer sur les composantes de la rhétorique. L’image et la crédibilité de l’orateur (éthos) ainsi que son adaptation à l’audience (pathos) et enfin la structure du message (logos) sont des outils clés pour équilibrer l’émotion et la raison dans la communication d’intérêt général.[3]
[1] Plantin, C. (2011). Les bonnes raisons des émotions : principes et méthode pour l’étude du discours émotionné.
[2] Flückiger, A. (2009). Pourquoi respectons-nous la soft law? Le rôle des émotions et des techniques de manipulation (No. XLVII-144, pp. 73-103). Librairie Droz.
[3] Dulau, A. V. (2015). Ethos/Pathos/Logos. Lingua. Language and Culture, 14(1), 160-163.
Sources :
De Saussure, L., & Wharton, T. (2019). La notion de pertinence au défi des effets émotionnels. TIPA. Travaux interdisciplinaires sur la parole et le langage, (35).
Dulau, A. V. (2015). Ethos/Pathos/Logos. Lingua. Language and Culture, 14(1), 160-163.
Flückiger, A. (2009). Pourquoi respectons-nous la soft law?. Le rôle des émotions et des techniques de manipulation (No. XLVII-144, pp. 73-103). Librairie Droz.
Plantin, C. (1997). L’argumentation dans l’émotion. Pratiques, 96(1), 81-100.
Plantin, C. (2011). Les bonnes raisons des émotions : principes et méthode pour l’étude du discours émotionné.
Ce travail a été réalisé pour le cours “Techniques rédactionnelles”, dans le cadre du Master en création de contenus et communication d’intérêt général de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.