Durant son stage de fin d’études dans le cadre du Master en Journalisme et communication, orientation création de contenus et communication d’intérêt général, Elisa Migliarini a créé une série de podcasts pour l’organisation Médecins du Monde Suisse. Rencontre.
Deux mois de stage au sein de l’organisation Médecins de Monde Suisse ont suffi à Elisa Migliarini pour construire, monter et communiquer sur une série de cinq podcasts qu’elle a mis en place de A à Z. Cette étudiante de deuxième année de Master en création de contenus et communication d’intérêt général (MA3CIG) a développé un format audio pour mettre en lumière le projet d’aide médicale des sans-abris du canton de Vaud. Un travail minutieux de montage, ponctué de rencontres touchantes et de témoignages poignants, a permis à cette étudiante de réaliser une production audio nécessaire pour comprendre cette population invisible et l’accès à la santé que leur propose Médecins du Monde Suisse. Elle nous raconte son expérience.
Valérie Manasterski: Comment avez-vous atterri comme stagiaire chez Médecins du Monde Suisse ?
Elisa Migliarini: C’était une candidature spontanée. Le contact était très facile et j’ai rapidement pu signer mon contrat de stage. Tout de suite, nous avons eu un échange avec l’équipe pour connaître les différentes compétences acquises durant le MA3CIG et comment les appliquer chez eux. Nous avons également discuté de leurs objectifs de communication. Ils m’ont aussi présenté les trois projets sur lesquels l’organisation travaille en Suisse. Le premier, basé à La Chaux-de-Fonds est destiné aux réfugiés, un autre à Neuchâtel accompagne les travailleurs et travailleuses du sexe, et un dernier dans le canton de Vaud travaille sur l’accès aux soins des personnes sans-abri. Pour le projet que nous souhaitions mettre en avant ensemble, nous nous sommes vite dirigés vers le projet sur les sans-abris, car il était relativement plus simple à aborder que les travailleurs et travailleuses du sexe par exemple.
Pourquoi le podcast était-il la meilleure option pour parler du sujet des sans-abris ?
J’ai rapidement réalisé que les personnes sans-abri représentent une population difficile d’accès. L’audio était donc un médium parfait pour en parler, car il assure une relative anonymisation et donc un certain confort pour parler plus librement. Je n’ai donc pas eu trop de mal à demander aux personnes sans-abri de témoigner. Bien sûr, ce n’était pas si simple… Je me sentais quelques fois illégitime d’être sur place, notamment durant les consultations infirmières, car la santé reste un sujet très intime, d’autant plus celle des sans-abris.
Pour aller à la rencontre de cette population relativement difficile d’accès, comme souligné, avez-vous pris du temps, avant les prises de son, pour tâter le terrain ?
Durant les premières semaines de mon stage, je suis allée avec les infirmiers et infirmières sur place pour observer ces consultations. Je prenais également note des différents sons d’ambiances et des lieux pour m’imprégner de la situation. Aussi, il y a eu effectivement une première phase de rencontre pour qu’ils et elles s’habituent à ma présence et ça a été, par la suite, bien plus facile pour échanger avec eux.
Entre le contexte très privé de la santé des personnes sans-abris et l’objectif de mettre en avant le travail des collaborateurs de Médecins du Monde, comment avez-vous réussi à gérer ce paradoxe ?
C’est vrai que c’était un dilemme. Nous en avons beaucoup discuté avec mon responsable de stage. D’un côté, il fallait faire connaître les aides et services mis en place par l’organisation, sans pour autant que cela incarne la « figure du héros » et de l’autre, il était prioritaire pour nous de mettre en avant la voix des sans-abris. Donc il fallait jongler entre ces deux objectifs. Par exemple, certains collaborateurs ont remarqué le besoin d’un suivi psychologique auprès de cette population déjà vulnérable. Nous nous sommes alors demandés s’il fallait le mettre ou non dans les podcasts. D’un côté, cela montrait que Médecins du Monde avait ses limites et de l’autre, il fallait valoriser leurs actions. Nous avons choisi de laisser ce commentaire à la fin de la série pour conserver l’authenticité des échanges, car notre objectif était avant tout de communiquer la réalité.
Qu’avez-vous découvert durant ton stage ?
Toute cette partie stratégique notamment et la question du budget destiné à la communication. J’ai senti que toute idée est bonne à prendre, tant qu’elle a un sens. Il y a aussi toute cette vie associative que j’ai vécue de l’intérieur. Comme je participais aux réunions de groupe, j’avais accès aux ressentis des personnes vraiment habituées à travailler dans ce domaine.
Qu’est-ce que vous avez le plus apprécié dans la mise en place de ce podcast ?
Aller à la rencontre des gens, poser des questions et entrer dans un univers inconnu. C’était passionnant. Et bien évidemment toute la partie montage. J’ai adoré créer un résultat cohérent en partant des témoignages que j’avais récoltés et d’y intégrer de la musique. J’ai d’ailleurs travaillé avec un ami musicien qui m’a aidé à imaginer les meilleurs morceaux pour accompagner mes prises de son.
Vous vous êtes également entourée d’un dessinateur pour illustrer chaque épisode de votre podcast.
J’ai en effet contacté un illustrateur de La Chaux-de-Fonds. Pour lui donner un maximum d’information, je lui ai envoyé des extraits d’entretiens avec certains des sans-abris interrogés pour qu’il puisse s’imprégner des ambiances et des personnages. Pour moi, le dessin personnifie les histoires sans toutefois identifier les protagonistes.
Quels cours du MA3CIG vous ont aidé à la mise en place de ce podcast ?
Bien entendu, le cours de « Compétences son et vidéos ». Savoir monter les sons avec l’application Reaper, grâce au cours dispensé par Ziad Maalouf. En ce qui concerne la phase d’observation, de planification et de recueil d’informations en amont, tout ceci vient notamment d’une démarche que nous avions vu dans le cours « Stratégie de communication de la CIG ». Notamment, le fait d’analyser en avance ce qu’il se passe avant de créer quelque chose.
Au-delà de la mise en place du podcast, il y a encore un travail autour de la communication de celui-ci. Comment cela s’est-il passé ?
Après le podcast, il y a en effet le travail d’organisation et de diffusion de celui-ci. Nous avons d’abord dû trouver une plateforme spécialisée pour héberger les productions audios. Aussi, il y a eu toute une réflexion autour de la diffusion du podcast. En effet, Médecins du Monde fait des appels aux dons chaque fin d’année, donc il nous a semblé opportun de communiquer durant cette période. J’ai écrit les contenus destinés aux réseaux sociaux ainsi que les descriptifs du podcast sur les plateformes dédiées, comme Spotify. Enfin, je me suis occupée d’écrire le communiqué de presse, avec l’aide de mon responsable de stage (coordinateur département communication) et de l’envoyer aux médias. D’ailleurs le lendemain, la RTS en a fait un sujet dans son journal de 12 h 30 sur la Première.
Avez-vous développé la dimension “communication d’intérêt général” durant votre stage?
Oui totalement, car pour moi, la communication d’intérêt général a comme mission de sensibiliser sur des sujets invisibles et difficiles d’accès, ainsi que d’aider l’autre en communiquant sur les actions humaines et humanitaires des collaborateurs.
Merci à Elisa Migliarini et l’équipe de Médecins du monde. Découvrez la suite des podcasts en cliquant ici.