Quels sont les défis et les impacts des deepfakes publiés sur les médias sociaux ? Comment sensibiliser la population face à ce phénomène ? Voici un tour d’horizon des outils et recherches actuelles pour tenter de répondre à ces questionnements.
Intelligence artificielle, deepfakes, fakes news… Autant de mots qui illustrent la montée en puissance et l’utilisation toujours plus poussée de ces nouvelles technologies. Cet usage s’observe partout, des médias aux réseaux sociaux, devenus l’une des principales sources de renseignement des 15-24 ans, selon une étude relatée par la RTS.
Mais là réside le problème. En effet, d’après un projet de recherches présenté à l’AJM, certains contenus publiés sur ces médias sociaux relatent de fausses informations dont le contenu se veut parfois trompeur et délégitime les réelles sources d’information. La régulation des contenus de désinformation en ligne soulève alors la question délicate de la liberté d’expression dans les médias.
La prolifération de la désinformation vidéo
Juillet 2019, 14’678 deepfakes sont recensés en ligne. Juin 2020, nous en comptons plus de 49’000. Une augmentation de près de 330% observée par Sensity, une entreprise équipée d’un logiciel en ligne utilisant l’intelligence artificielle pour détecter notamment les deepfakes.
Ces deepfakes, souvent sous forme de vidéo truquée altérant la voix ou le visage, exploitent de nouveaux moyens technologiques pour générer des contenus falsifiés permettant ainsi à quiconque de faire dire n’importe quoi à n’importe qui. Grâce à des logiciels toujours plus présents en ligne et à l’aide de l’intelligence artificielle, ces deepfakes deviennent de plus en plus faciles et rapides à créer. Ainsi, de nombreuses personnes n’ayant pas connaissance du contexte de la vidéo peuvent se retrouver influencées par cette fausse information.
Aengus Collins, directeur de l’International Risk Governance Center (IRGC) de l’EPFL, souligne l’urgence de déterminer les secteurs impactés par le développement rapide de ce domaine et son accessibilité toujours plus facile.
Le secteur de la communication et des médias notamment se retrouve chamboulé par l’intégration croissante de ces nouvelles formes de création en ligne. Face à cette évolution, il est nécessaire de développer des stratégies afin de contrer la propagation de fausses informations.
Les impacts et enjeux médiatiques des deepfakes
Ces deepfakes peuvent être un danger dans certains cas bien précis. Par exemple, les périodes d’élections présidentielles sont souvent synonymes de prolifération de deepfakes en ligne. Nous vous parlions dans notre article sur les enjeux globaux de la communication en 2024 des images de la fausse arrestation de Donald Trump qui avaient défrayées les médias. Radio France illustre un autre exemple en relatant la présidentielle en Turquie de mai 2023 lors de laquelle un candidat a quitté la course après avoir été la cible de diffamation et dénigrement en ligne.
Alena Birrer est assistante de recherche et d’enseignement à l’Université de Zürich au département de recherche sur la communication et les médias (IKMZ). Elle a présenté, lors de sa conférence donnée à l’occasion du congrès SSCM 2024, un panel de recherches dont les résultats dévoilent qu’à l’heure actuelle, les technologies utilisées afin de créer des deepfakes ne sont pas toujours claires. Il en est de même pour les médias sur lesquels aucune définition de ces « vidéos truquées » n’est encore universellement acceptée. L’objectif établi est donc de clarifier la signification des deepfakes et de diminuer le manque d’informations à ce sujet.
Les médias ont donc un rôle primordial dans la prévention et l’éducation du public sur ce phénomène. Mais au-delà des recherches effectuées sur le sujet, l’organisation de rencontres entre professionnel-le-s et scientifiques favorise une meilleure compréhension collective en vue d’une régulation efficace.
La lutte contre les deepfakes : outils et sensibilisation
À l’heure actuelle, il existe des plateformes permettant de détecter des vidéos ou images dévoilant de fausses informations. Selon un article relaté dans le cadre de l’AJM, Facebook et Google par exemple, développent leurs propres logiciels mais ne sont pour l’heure pas encore accessibles au grand public.
En attendant le développement et la démocratisation de ces logiciels et plateformes, il est du devoir de chacun et chacune de s’informer sur le sujet et de développer les bonnes pratiques afin de se prémunir contre ces vidéos truquées. Pour ce faire, quelques éléments peuvent permettre de vérifier l’authenticité d’une vidéo : contrôler la synchronisation entre l’audio et la vidéo, si le sujet est statique ou en mouvement, ou encore les bruits ambiants. Aussi, se renseigner par le biais des médias peut constituer un bon réflexe.
En conclusion, les deepfakes représentent un défi croissant, pour les médias et la communication également. Pour contrer efficacement cette forme de désinformation en ligne, il est nécessaire de poursuivre les recherches empiriques, afin de mieux comprendre le phénomène, leur fonctionnement et leurs impacts et déterminer ensuite une action efficace. Enfin, la sensibilisation et l’éducation du public doivent se poursuivre afin de garantir les bonnes pratiques à adopter dans un monde numérique en constante évolution.
Un petit quiz pour approfondir vos connaissances :
Cette 24ème conférence annuelle de la SSCM/SGKM est couverte médiatiquement par les étudiant-e-s en Master de Création de contenus et communication d’intérêt général (MA3CIG) de l’AJM. Cet article a été réalisé dans le cadre du cours Création de contenus web et réseaux sociaux et fait partie d’une série éditoriale répartie en trois rubriques présentes sur la page du site Pointcomm dédiée à l’évènement.